mardi 9 janvier 2018

Ronces Blanches et Roses Rouges, de Laetitia Arnould


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Je me suis procurée il y a quelques mois le premier livre de la toute jeune maison d'édition Magic Mirror, créée il y a un peu plus d'un an, et dont la ligne éditoriale s'appuie sur la matière merveilleuse, la réécriture des contes de fées. Ce premier roman est inspiré du conte Blanche-Neige et Rose-Rouge des frères Grimm, et s'intitule Ronces Blanches et Roses Rouges. L'auteure, Laetitia Arnould, invite le lecteur à se plonger dans un roman au genre agréablement régressif et merveilleux.

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Sirona et Eloane vivent dans une petite maison de chaume sous la tutelle de Mme Whitecombe, qui s'occupe d'elles depuis leur enfance. Les deux sœurs, désormais adolescentes, se sont résignées à leur vie solitaire et reculée. Pourtant, des questions restent : pourquoi n'ont-elles aucun souvenir de leur enfance ? Qui sont leurs parents ? Pourquoi Mme Whitecombe n'aime-t-elle pas les questions ? Un jour, un étranger frappe à la porte, et tout bascule. Voilà que leur tutrice promet Sirona en mariage à cet inconnu, et petit à petit, le masque de gentillesse et de douce féerie de leur vie se craquelle. Sirona finit par s'enfuir, déterminée à affronter les ours et la forêt, mais se fait la promesse de revenir chercher sa sœur. D'une nature pragmatique, Sirona ne croit pas à la magie, pourtant, elle va bien devoir s'y faire, car la magie, elle, ne l'a pas oubliée...

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Ronces Blanches et Roses Rouges est un livre a priori prometteur : une très belle couverture réalisée par l'artiste Mina M., et un résumé alléchant, reprenant les codes du conte merveilleux.
Cependant, les 227 pages de ce roman sont inégales.  La plume de l'auteure, qui se veut poétique, comporte de nombreuses maladresses stylistiques : expressions un peu trop naïves, pléonasmes divers, ponctuation qui manque de rigueur (les virgules, bon sang !), etc ; tout cela aurait pu être amélioré avec un bon travail de correction. Ajoutons une intrigue mal ficelée par des retournements de situations auxquels on a du mal à croire ou qui manquent de caractère logique et une gestion des récits présents/passés qui laisse perplexe. Enfin, les dialogues sont peu convaincants : les différences de discours - tantôt soutenu, tantôt familier - se ressentent et devraient être corrigées.

Il faut tout de même noter les points forts de ce récit : je l'ai lu d'une traite, ce qui montre une certaine aisance de l'auteure quant à la narration. Le caractère merveilleux est bien présent et subtilement mis en scène, et les personnages plutôt bien plantés. J'aurais aimé qu'ils soient encore davantage développés, mais après tout, il s'agit d'un conte. L'auteure a également fait un travail de réécriture intéressant : ainsi on retrouve tout au long de son récit des éléments importants comme les deux sœurs, l'ours, la chaumière, le nain, et la magie, qui font partie du conte originel, tout en étant amenés différemment.

Je n'ai pas trouvé la lecture désagréable, mais avec un bon travail de réécriture, d'équilibrage des temps du récit et un style affiné, Ronces Blanches et Roses Rouges serait passé du stade du "roman d'amateur" à "roman d'écrivain". Je souhaite tout de même saluer le travail de la toute jeune maison d'édition, qui a eu du flair avec cette ligne éditoriale spécialisée et enchanteresse. J'espère que les prochains romans se démarqueront en bien.

Ronces Blanches et Roses Rouges, Laetitia Arnould, éd. Magic Mirror, coll. "Forgotten", Toulon, 2017.

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