Promenons-nous dans les bois est un roman de Gwladys Viscardi, publié au autoédition. L'autrice me l'a gentiment proposé en service presse via la plateforme Simplementpro. Ce roman est une réécriture du conte du Petit Chaperon rouge, et en propose une vision plus mature dans une veine plus fantasy.
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Dans un village à la lisière de la forêt, une adolescente, Elfée, mène une existence paisible. Elle est l'apprentie de l'herboriste Ma'a, une vieille femme qui semble posséder une connaissance infinie. Cependant, il y a des ombres au tableau : la jeune fille a perdu sa sœur dans un accident l'année précédente, tuée dans la forêt par une bête sanguinaire, et ses parents ne prennent pas au sérieux son désir de devenir guérisseuse. Mais à nouveau, un cadavre est découvert dans les bois. Il semblerait que la bête soit revenue. Alors que le village met en place des mesures de sécurité et avant qu'il ne finisse par plonger dans la psychose, la jeune fille, elle, devra faire face à la naissance de deux événements déboussolants : la rencontre avec Loup, un jeune bûcheron très particulier et mystérieux, et la découverte d'un grimoire... réveillant bien des secrets.
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Au premier abord, la jolie couverture et le thème du Petit Chaperon rouge m'avaient interpellée. Puis, en me plongeant dans les premières pages, j'étais dubitative. Le style un peu lourd à la première personne ne m'a pas permis de rentrer vite dans ce roman. C'est une des particularités : l'intrusion du narrateur de façon régulière, qui expose son avis, apostrophe le lecteur, m'a fait penser directement au célèbre Jacques le Fataliste de Diderot (souvenir de Terminale L...), et je dois avouer que j'ai beaucoup de mal avec ça (comme quoi, dix ans après, c'est toujours pareil héhé). Toutefois, j'ai persévéré, et j'ai bien fait !
Le récit se développe lentement, avec beaucoup de richesse descriptive, et on découvre ainsi le village prospère et la mystérieuse forêt qui l'entoure. Les personnages sont bien trempés : Elfée, dont le nom peut faire peur car il sous-entend une jeune fille naïve, est en fait une adolescente au caractère bien défini, qui, au fil du roman, devient de plus en plus mature et indépendante ; Ma'a est une sage stoïque et très respectée, qui n'a pas froid aux yeux ; Loup est un jeune homme aimable, prévenant et très proche de sa famille, les valeurs qu'il véhicule sont admirables, en somme, c'est le chevalier servant du roman, qui cache un sombre secret. Les antagonistes sont plus caricaturaux : je pense aux parents d'Elfée, qui sont froids et bornés, et n'évoluent absolument pas dans le récit.
Ceux qui n'aiment pas les descriptions contemplatives et les longues introspections n'aimeront pas la lecture de ce livre. En effet, l'intrigue se met en place petit à petit, et on suit davantage les méandres de l'esprit d'Elfée, qui l'ont voit grandir. C'est entre autres ce qui fait de ce roman un conte : la dimension initiatique. Elle est notamment représentée par la forêt, comme dans le conte original. Cette forêt est presque un personnage à part entière : elle possède plusieurs facettes, l'une lumineuse, l'autre occulte, et tient une très grande place dans le récit. Mais il n'y a pas que la forêt qui fait penser au conte de Charles Perrault, il y a aussi une cape rouge - que porte Elfée, cadeau de Ma'a - et un loup ! Tiens, un loup... Je ne vais pas aller plus loin, je pense avoir déjà semé plusieurs indices...
Petit ajout de midinette : l'histoire d'amour entre Elfée et Loup (oups, je spoile) est adorable à suivre, et permet de faire grandir les deux jeunes gens. Grâce à cette histoire, Elfée prend en confiance et apprend à réfléchir par elle-même.
Il y a tout de même des points qui pèchent. Le plus gros est le style, qui mériterait d'être allégé. J'ai lu ici et là que des lectrices l'avaient trouvé "particulier", mais je l'ai trouvé au contraire bien choisi pour cette réécriture de conte : le vocabulaire est riche et on sent dans les descriptions un soin du détail qui fait du bien. Cependant, on retrouve régulièrement des tournures de phrases maladroites, des défauts syntaxiques et de ponctuation qui peuvent rendre la lecture chaotique. Il m'a fallu de la concentration pour ne pas perdre le fil parfois et passer outre ces gros défauts. Parce que l'histoire le valait bien. Mais justement, ce roman, de presque 500 pages imprimées (!), mériterait une relecture approfondie pour être davantage mis en valeur et accessible. (Auteurs qui vous autopubliez, ne négligez pas la correction, un œil professionnel coûte, certes, mais votre récit le vaut bien !)
Le second point serait l'intrigue, qui est un peu trop lente, et des détails qui disparaissent du récit sans que l'on sache trop pourquoi, comme la pierre de lune, élément important au début du roman, qui devient ensuite complètement obsolète. À croire qu'il n'a servi uniquement que de prétexte à la rencontre tumultueuse entre Loup et Elfée. Ou encore la fameuse cape rouge, censée protéger l'adolescente, on ne sait de quoi, et qui la rend juste visible parmi le vert de la forêt. Des éléments comme ça qui discréditent quelque peu le récit.
Pour conclure, Promenons-nous dans les bois m'a plu. Je l'ai lu avec beaucoup d'intérêt car l'autrice a réussi à créer une jolie réécriture de conte, un bel univers mystérieux et une histoire d'amour attachante et motivante pour les héros. Cependant, une révision du texte ne serait pas de trop.
Ce roman a été lu dans le cadre du 7e challenge de littérature de l'imaginaire.
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