Photographie par Xavier de Bordeaux (source). |
La maison d'édition L'Abat-Jour publie une revue papier semestrielle : L'Ampoule, qui est dirigée par l'auteure Marianne Desroziers. Cette revue propose du contenu littéraire mais aussi graphique. Je me suis procuré le second numéro hors-série, athématique, et je vous livre mon avis.
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J'ai d'abord été agréablement surprise par la qualité physique de la revue : le papier est beau, mat, épais ; la mise en page est bien faite, claire, sobre ; le tout est très professionnel. Très bon point pour cette petite maison d'éditions ! Vingt et un textes composent ce recueil, chacun illustré d'une création visuelle en noir et blanc, choisie avec minutie. J'ai pris mon temps pour lire toutes ces nouvelles, qui ne laissent pas indifférent, tant les styles diffèrent et sont marqués - ce qui a sans doute imposé leur choix. Ce recueil emmène le lecteur dans un pays imaginaire en noir et blanc, résolument incertain et mélancolique, quand il n'est pas inquiétant.
On peut retrouver, parmi les textes qui m'ont le plus marquée : "Les papillons de Marie", extrait du nouveau recueil Fantasmagories de Marianne Desroziers, qui évoque la transformation d'une fillette mal-aimée en sanglier ; un texte surprenant et absurde tel que Planté là de Thomas Pourchayre, racontant la journée d'un homme enterré jusqu'au cou ; on passe à l'écrit poétique de Anne Escaffit, Nuances d'Être, un hymne à la beauté de la torture ; le conte de Manuela Legna et son Conteur Errant, immortel, qui sillonne la terre plus pauvre que Job ; l'inquiétante nouvelle de Benoît Patris, une Faille qui met le monde sens dessus dessous ; La Cire à esgourdes d'Yves Letort, charmante histoire d'amour entre deux mélomanes amateurs d'une drogue spéciale ; une journée hallucinée décrite par Roland Goeller dans Nocturne ; le tableau hypnotique d'une sorcière écrivant sa dernière lettre dans L'Insoumise de Claire Eustache ; ou encore Le Royaumes des trois cris de An Pra, conte effrayant, entre ronces et mariage mortifère.
Je n'ai pas listé l'intégralité des textes au risque de faire de cette chronique un véritable pavé indigeste, mais on découvre avec plaisir des textes de Jean-Michel Maubert, Marianne Duforeau, Le Golvan, Georgie de Saint-Maur, Nathalie Vignal, Damien Desbordes, Sébastien Chagny, Marc Legrand, et Christophe Lartas.
Mention spéciale pour les illustrations de Marina Ho et Maxime Derouen qui m'ont bien plu.
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Il ressort de ce recueil des univers très divers et des plumes acérées, je salue le flair des éditeurs. Deux nouvelles m'ont particulièrement tapé dans l’œil : La Cire à esgourdes, très bien écrite, avec une point d'humour, d'absurde et de poésie très bienvenue - je la recommande ; et L'Insoumise, qui, au départ, m'a un peu interloquée de part son style original : le lecteur est pris à parti (tu) et le narrateur lui offre une "vue" de l'histoire, comme un zoom de caméra sur le plan qui apparaîtrait petit à petit.
En somme, une revue de qualité qui mérite d'être suivie, pour les amateurs de textes noirs et bizarres...
Hors-série n°2, L'Ampoule, déc. 2017, éd. de L'Abat-Jour, coll. dirigée par Marianne Desroziers, 10€.
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